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La Roue du Temps : que vaut la série fantasy d'Amazon Prime Video ? - ÉcranLarge.com

On a vu les trois premiers épisodes de la nouvelle série de fantasy d'Amazon Prime Video, La Roue du Temps, et ils risquent de ne pas faire l'unanimité.

Cela n'aura échappé à personne : de The Witcher en passant par Game of Thrones sans oublier la future série Le Seigneur des anneaux et son budget indécent, la fantasy a le vent en poupe, et tout le monde veut sa part du gâteau. Amazon Prime Video semble même en vouloir une deuxième part, puisqu’en dehors de son projet d'adaptation de l'univers de Tolkien, la plateforme a également misé gros sur une autre saga littéraire lucrative et extrêmement connue des amateurs : La Roue du Temps.

photoComme disait le philosophe, la routourne va tourner

 

TAGAZOK

Oeuvre dense et prolifique habitée par de nombreux concepts assez tarabiscotés et composée de pas moins de 14 tomes pour son histoire principale, l'histoire de La Roue du Temps commence avec Moiraine Damodred, une Aes Sedai (pour simplifier très grossièrement - que les fans nous pardonnent - une sorte de magicienne) à la recherche du Dragon Réincarné. C'est à dire, un être humain très spécial mi-descendant mi-réincarnation d'un héros millénaire et destiné à mener un combat décisif pour l'existence de l'univers... mais dans quel camp ?

À la faveur d'une attaque de monstres sur un village, elle est certaine que son dalaï-lama version heroic fantasy est Rand al'Thor, Matrim Cauthon ou Perrin Aybara, trois villageois autour desquels gravitent de ténébreuses forces. Elle les embarque tous les trois pour les présenter au siège des Aes Sedai mais le voyage - dont on soupçonne qu'il sera l'objet de toute la saison 1 - sera semé d'embûches. Se joindront au voyage divers compagnons : la guérisseuse Nynaeve al'Meara et son apprentie Egwene al'Vere, al'Lan Mandragoran, le champion de Moiraine et d'autres noms de médicaments que l'on ne se risquera pas à écrire, on a déjà assez de crampes aux doigts.

photo, Josha Stradowski, Madeleine Madden

Enchantée dame Vastarel, je suis sire Prozaak

Si l'on prend le temps de faire de l'exposition, c'est parce que c'est visiblement l'un des deux objectifs principaux que se donnent les trois premiers épisodes de La Roue du Temps, très riches en conversations explicatives et en scènes de pures présentations. Et c'est sûrement la plus grande qualité objective de la série : si sa fidélité narrative au matériau d'origine est dans la norme de ce qui se fait actuellement en termes d'adaptations, sa fidélité conceptuelle est en revanche assez exemplaire, par son exhaustivité et sa lisibilité. Quitte parfois à créer un sentiment de trop-plein et de perdre un peu son spectateur même le plus attentif. Les boss du Name of Thrones ont trouvé leur nouveau défi.

On entend souvent râler au sujet d'un défaut typique dans les récits à concepts actuels, c'est la fameuse phase tutoriel de début de séries ou de films. Sorte de longs tunnels verbeux à peu près aussi excitants qu'un mode d'emploi pour machine à laver et qui aboutissent souvent à pas grand-chose (revoyez le début de Tenet et vous verrez).

photo, Marcus Rutherford, Madeleine Madden

C'est pourtant pas compliqué, comme je suis un demi-elfe mi-nain j'ai +3 en parler avec les animaux donc je peux danser avec les loups si le vent de magie vert est orienté est-ouest à 14h75 du matin

Un défaut auquel La Roue du Temps concède quelques précieuses minutes, notamment les cruciales trente premières du premier épisode, relativement assommantes, avant de trouver par miracle une manière organique d'intégrer cette longue phase de présentation au tissu de son récit.

Étonnamment donc, alors que les préliminaires s'éternisent et ne sont toujours pas terminés au terme des trois premiers épisodes, La Roue du Temps parvient à rendre son univers excitant et intrigant. Et c'est justement parce qu'elle ne concède que le strict minimum de facilités et extrait des livres toutes les bizarreries qui faisaient son originalité, du système de magie bien prise de tête à la cosmogonie touffue. Comme un livre de règles pour un jeu de rôles, ces trois heures ont beau être relativement indigestes, elles donnent néanmoins envie de jouer et d'attendre que la partie commence vraiment.

photo

Bienvenue à Provins

 

EN GORE ET EN GORE

Une envie d'y revenir d'autant plus paradoxale que, pour dire les choses clairement et arriver sur un terrain plus prosaïque, malgré cette belle qualité abstraite, La Roue du Temps est affligée d'une tare constitutive de son essence et dont le caractère essentiel la rendra probablement à jamais fondamentalement "mauvaise" (notez les guillemets) : c'est kitsch. Omega-kitsch même. Et donc d'une laideur débilitante et d'une naïveté crétinisante - entre Narnia au meilleur et Eragon au pire. Mais, il y a bon kitsch et mauvais kitsch, et La Roue du Temps passe régulièrement du bon côté du mauvais goût.

À ce titre, la première vraie scène d'action de la série fait office de choc, voire de léger craquage. Dix minutes d'une brutalité 100% gorasse qui, à la manière d'un épisode féérico-satanique des Happy tree friends narrant par le menu la recette du kebab d'homme-béliers (roquefort-harissa avec beaucoup de ketchup), créent une rupture ahurissante avec les clichés moribonds de la high fantasy qui nous ont été présentées avant.

photo, Alexandre Willaume

Quel pittoresque ménestrel

 

Et ce n'est que la première explosion de violence parmi d'autres laissant mi-hilare mi-hébété. Impossible à dire s'il s'agit de courage téméraire ou de folie furieuse, mais une chose est sûre : l'inconstance du ton de la série, oscillant entre interdit aux plus de huit ans et interdit aux moins de seize ans, est toujours aussi imprévisible que spectaculaire.

Un défaut d'ordinaire fatal qui ici devient une force. Chaotique certes, mais une force. Qu'un monstre se fasse déchirer en deux par un vent de magie en CGI dangereusement brouillonne ou qu'un inquisiteur sadique cabotine plus que Woody Harrelson en crise de priapisme symbiotique, La Roue du Temps est pour le moment constamment mauvaise certes, mais son mauvais goût déconcertant et son impitoyabilité totale la rendent souvent superbement et formidablement nulle - et donc réjouissante au point d'être presque attachante. Formidable mais fort minable, fort minable mais formidable.

photo, Barney Harris, Daniel Henney, Josha Stradowski, Madeleine Madden, Marcus Rutherford

Yyyyyyyyyyyyyyyyyyyikes 

 

PAR LE MARTEAU DE GRABTHARR

Pour autant, il faut être honnête. En l'état, malgré un indéniable plaisir ludique garanti sans cynisme, il semble impossible d'apprécier La Roue du Temps au premier degré, malgré quelques saillies surprenantes, à l'image de la traversée de la rivière de l'épisode 2. Un personnage de mentor y fait intelligemment mentir son archétype bienveillant en justifiant ses moyens par la fin à l'aide d'un utilitarisme glacial, livrant au passage un mortifère exercice de realpolitik appliquée sur figurant vieillard innocent. 

C'est un plaisir averti donc que propose La Roue du Temps et qui devrait laisser sur le carreau un certain nombre de spectateurs, à commencer par ceux qui étaient venus chercher de l'aventure épique ou une dose de fantasy avec un budget supérieur à cent écus et une tarte au cerfeuil. En peu de mots, La Roue du Temps est si défaillante techniquement qu'elle est proprement incapable d'aligner quoi que ce soit qui ne fasse pas carton-pâte (un scandale vu le budget). Le cachet visuel de la série conjuguant mauvais goût et incompétence, il évoque plus une espèce de gros Donjon de Naheulbeuk sérieux que les madeleines kitsch type Legend.

photo, Daniel Henney, Rosamund Pike

Quelques éléments surnagent péniblement

Designs féérico-Fisher Price, costumes volés à un groupe de Power Metal mêlant pantalons en cuir et tuniques déchirés dans des rideaux, casting de toutes les couleurs et pourtant uniformément atone - on conseille même aux fans de Rosamund Pike de passer leur chemin s'ils ne veulent pas casser leur idéal -, rien ici ne fait croire qu'il s'agit bien d'une série à 100 millions de dollars. Tout paraît pauvre et échoue à faire exister un sentiment de grandiose ou de poésie. Restent seulement quelques extérieurs et constructions impressionnants, et les monstres, pour l'instant tous réussis.

Qu'une série aussi riche en moyens en soit réduite à faire exister une meute de loups poursuivant deux héros au seul moyen du son en hors champ comme le plus désargenté des Youtubers, alors même que la séquence se déroule en plein jour sur un terrain découvert, c'est qu'il y a un sérieux manque de compétence.

Pourtant, le bon kitsch, c'est comme les bons chasseurs, cela ne s'explique pas, cela se vit. Conceptuellement, ça n'existe pas, et pourtant, parfois, on en constate. Parce que, vous voyez, le mauvais kitsch, il voit de la fantasy, direct il tire. Le bon kitsch, il voit de la fantasy... bon il tire aussi, mais ce n’est pas pareil. Parfois, sans que l'on comprenne comment, il met un headshot. Reste à savoir si la chance et les réussites critiques perdureront.

Les trois premiers épisodes de La Roue du Temps sont disponibles depuis le 19 novembre sur Amazon Prime Video, puis un nouvel épisode sera disponible chaque vendredi.

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